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Le surf rémunéré


Article paru le : 10 décembre 2002

Après s’être développés très rapidement au cours de l’année 2000, les sites français comme Mediabarre et Winbe proposant du surf rémunéré semblent marquer le pas comme leur grand frère et inspirateur américain Alladvantage. Le modèle est intéressant à plus d’un titre car c’est un des multiples modèles où l’Internaute est rémunéré d’une façon ou d’une autre par un site web et parce que ces sites sont des exemples très parlant de la puissance du marketing viral..

Les principes du surf rémunéré

Comme le nom l’indique, les sites de surf rémunéré payent les internautes qui parcourent le web à partir de leur interface de navigation propriétaire. Le principe est simple : les internautes installent un petit programme qui affiche une bannière sur l’écran de l’utilisateur lorsqu’il est sur Internet, avec dans le même temps la durée de connexion qui va déterminer le montant gagné, à savoir en moyenne trois francs de l’heure à l’heure actuelle, et beaucoup plus si l’on parraine un ou plusieurs amis qui surfent en utilisant la solution.

Comme dans tout système pyramidal, les premiers parrains peuvent compter de très nombreux filleuls et certains "early adopters" américains ont pu ainsi gagner plusieurs milliers de francs par mois contre quelques centaines pour leurs homologues français.

Au niveau du paiement en lui même, la majorité des sites de surf rémunéré règlent par chèque, à raison d’un par mois, à condition que la somme due soit supérieure à un minima variable suivant les sociétés. Ce minima qu’on retrouve dans les programmes d’affiliation permet de réduire les coûts de gestion administratives. Si les gains sont inférieurs à ce minima, ils sont reportés sur le mois suivant.
A tout moment l’internaute a la possibilité de consulter son compte et ainsi savoir où il en est.

Bien sur, le financement du système est théoriquement assuré par les annonceurs souhaitant voir leurs bandeaux diffusés sur le réseau des surfeurs rémunérés. Les adhérents s’étant identifiés, les bandeaux peuvent être ciblés sur des profils socio-démographiques.

Un développement basé sur le marketing viral

Le site proposant le surf rémunéré n’investit pas d’argent dans la promotion de son concept, mais va utiliser le marketing viral pour se faire connaître et assurer le développement rapide du système. En effet le site va rémunérer les premiers partenaires qui vont leur trouver d’autres partenaires, en leur reversant en moyenne 20 % des gains des filleuls ainsi recrutés.

Le principe fonctionne grâce à une technique pyramidale, c’est à dire que le partenaire touche pour ses heures de surf, touche également pour les heures de surf des personnes qu’il a conseillées, mais aussi des gens conseillés par ces personnes… Et comme il n’y a pas d’acte de vente ou d’obligation d’achat pour adhérer au système, le tout reste dans la légalité la plus complète.

Pour compléter le caractère fortement incitatif de la rémunération les acteurs mettent en place des outils qui permettent de favoriser le phénomène de bouche à oreille en simplifiant la tâche des prescripteurs potentiels. Ceux-ci trouvent ainsi sur les sites des initiateurs des programmes des lettre-types de recrutement, des conseils, des bandeaux et des liens spécifiques permettant d’attribuer directement une nouvelle recrue à son parrain.

En terme de développement des réseaux, ce marketing viral a très bien fonctionné sur un secteur, il est vrai, qui s’y prête remarquablement bien.
Un acteur comme Alladvantage a dépassé le million d’utilisateurs en moins d’un an et à leur échelle, les acteurs francophones se sont également très vite développés avec des coûts de recrutement à faire pâlir d’envie tous les sites commerciaux.

Les limites et faiblesses du modèle

En partie victimes de leur succès et du fait que le modèle est probablement moins prometteur que prévu, les acteurs se heurtent à différents problèmes, à la fois dans leur mode de développement basé sur le marketing viral et dans le domaine du financement.

Le revers du viral rémunéré

Comme on pouvait s’y attendre, le fait de proposer une rémunération et un système pyramidal conduit à des abus du coté des parrains désireux d’élargir très rapidement leur réseau de filleuls.

Le principal abus est l’utilisation du spam par les parrains pour recruter des filleuls. Ce spam peut s’opérer sur des forums ou sur des listes d’emails achetées ou moissonnées sur le réseau.

Ce spam peut poser des problèmes d’image aux sites de surf rémunéré mais également parfois entraîner des représailles de la part de gros fournisseurs d’accès qui repèrent le spamming effectués sur leurs abonnés.

Pour tenter de limiter ces dérives, les sites établissent généralement des codes ou recommandations de bonne conduite.
Ces recommandations, qui ne vont par forcément influencer les dérives des chasseurs de primes sans foi ni loi, permettent par contre de "se couvrir un peu" vis à vis des médias.

La fraude

Dès qu’un système de rémunération est mis en place sur Internet, certains Internautes au fort bagage technique tentent de détourner le système. Les étudiants américains ont ainsi très vite créé des petits programme qui "naviguaient" à leur place sur le réseau.
Une course de vitesse s’installe ainsi entre les fraudeurs et les ingénieurs des sites de surf rémunéré.

Le problème du financement

La principale limite de ce système est que la plupart des adhérents à ce modèle s’inscrivent pour l’appât du gain, et non pas pour l’amour des bandeaux publicitaires proposés. Le résultat est que les taux de clics sont très faibles et que la mémorisation n’est pas favorisée par le grand nombre de bandeaux défilant sur l’interface.

Les annonceurs, bien que certains furent séduits au départ, sont de plus frileux à investir dans ce système.
Les sites sont alors pris dans un effet de cisaille ou leurs dépenses liées à la rémunération des surfeurs progressent beaucoup plus vite que les revenus tirés des annonceurs. Cet état de fait est accentué par la croissance très rapide des réseaux.

Pour tenter de faire face à cet impasse budgétaire les sites revoient leur mode de rémunération et tentent d’élargir les voies de financement.

Les réorientations stratégiques

Le premier axe d’action pour les acteurs est de revoir le mode de rémunération.
La modification peut porter sur le montant de la rémunération horaire et sur les seuils limites de rémunération mensuelle, mais également introduire un changement notable dans le principe même de rémunération. Mediabarre a ainsi adopté le système par lequel les Internautes sont rémunérés en fonction du nombre de bandeaux publicitaires diffusés sur le navigateur.

Le grand intérêt de la formule est de lier directement les dépenses de rémunération aux recettes publicitaires effectives et d’éviter un grand écart financier qui pourrait être fatal.Les changements de rémunération se heurtent cependant souvent à l’hostilité du réseau.

Le deuxième axe d’action consiste à trouver d’autres sources de financement toujours basés sur le principe de rémunération des Internautes.

L’idée est d’utiliser et de motiver la base d’adhérents a effectuer des actions qui peuvent être "revendues" à des annonceurs ou marchands.

Les sites de surf rémunéré proposent donc à leurs membres d’être rémunérés pour avoir effectué des actions d’achats, rempli des formulaires ou participé à des études. Il est encore tôt pour estimer la pertinence de cette réorientation, mais la valeur de l’offre vis à vis des membres n’est évidemment plus la même et elle vient empiéter sur les offres des programmes de recrutement ou de fidélisation par points.

Confronté à des difficultés financières, le modèle n’a toujours pas fait la preuve de sa rentabilité, comme d’ailleurs la plupart des concepts qui visent à rémunérer l’attention publicitaire des Internautes.

On peut noter que le concept a engendré l’apparition d’autres concepts "rémunérés" comme les hébergeurs web-email qui propose une rémunération (certes dérisoire) pour tout email envoyé ou reçu. D’autres sites proposent de rémunérer les personnes répondant à des questionnaires, s’inscrivant à des mailing listes, participant activement à des chats ou des forums, lisant des blagues… Un site comme Cashsurfers se propose même de référencer tous les systèmes qui rémunèrent sur le web.